La France et ses colonies : la mission civilisatrice au Maroc.

Le Petit Journal (19 novembre 1911)

La Marianne du Petit Journal (1911) est devenue une image incontournable de la mission civilisatrice française dans ses colonies sous la Troisième République. Mais que savons-nous réellement de cette image et de sa perception par les Français en 1911 ? Marianne représente-t-elle la République ou la France ? Apporte-t-elle vraiment la « civilisation » à la société marocaine ? À qui sont destinées les richesses de la corne d’abondance ? Et pourquoi la guerre coloniale apparaît-elle seulement au second plan ?

Le Petit Journal, supplément illustré, dimanche 19 novembre 1911. Légende : « La France va porter librement au Maroc la civilisation, la richesse et la paix ».
Source : gallica.bnf.fr
Sommaire

Pour s’imposer au Maroc, la France avait obtenu l’agrément des autres puissances coloniales européennes et, au premier titre, de l’Allemagne qui entendait imposer ses vues diplomatiques en Europe et obtenir des concessions territoriales en Afrique. Cet affrontement avait donné lieu à deux crises diplomatiques : la crise de Tanger (1905) et la crise d’Agadir (1911) résolue par la signature d’un accord, le 4 novembre 1911 qui laissait à la France les mains libres au Maroc en échange de territoires concédés à l’Allemagne au Congo et au Tchad.

Sur cette gravure publiée dans le supplément illustré du Petit Journal le 19 novembre 1911, soit deux semaines après la signature de l’accord franco-allemand, Marianne, triomphante, porte les lauriers de la victoire. L’affaire marocaine semble désormais entendue : le sultan Moulay Hafid est désormais entre les mains de l’armée française venue lui prêter secours à Fès au printemps 1911 et l’Allemagne ne s’oppose plus aux interventions de la France au Maroc. Le 19 novembre 1911, il apparaît donc certain que le Maroc va tomber dans l’escarcelle coloniale de Marianne – ce qui se produira officiellement quelques mois plus tard le 30 mars 1912 par la signature du traité instituant le protectorat.

Comme de nombreux journaux français, le Petit Journal soutient l’expansion coloniale. Avec ses 835 000 exemplaires vendus chaque jour, le journal est le deuxième quotidien le plus vendu en France derrière le Petit Parisien (1,4 million d’exemplaires par jour en 1912). La réussite spectaculaire de ce journal doit beaucoup à son prix bon marché (5 centimes de francs) et à l’utilisation des gravures colorées, obtenues par la reproduction sur rotative de centaines de milliers d’exemplaires en quelques heures. Ici, un graveur anonyme s’est appuyé sur le travail d’un dessinateur, lui aussi anonyme. Les dessinateurs et les graveurs qui travaillent pour le supplément illustré du Petit Journal (publié chaque dimanche) recherchent l’attention du public par une mise en scène dramatique et pédagogique des faits divers et des actualités politiques internationales. Ici le Petit Journal a voulu montrer à ses lecteurs une Marianne bienfaitrice venue apporter au Maroc « la civilisation, la richesse et la paix ».

Cette gravure est suffisamment spectaculaire pour s’être imposée comme une image incontournable de la colonisation française sous la Troisième République. Elle est reproduite dans plusieurs manuels scolaires, elle sert de couvertures à des ouvrages traitant de la colonisation française et d’illustration à un grand nombre de publications en ligne (médias numériques, blogs). Iconique, cette image est devenue le support des représentations contemporaines de la colonisation, illustrant, à la manière d’un raccourci pédagogique, la propagande d’une Troisième République apportant la civilisation, la prospérité et la paix dans ses colonies ; image pittoresque d’un temps révolu, définitivement jaunie par les décolonisations du xxe siècle. 

Pourtant, nos interprétations contemporaines de la « Marianne aux colonies » ne correspondent pas tout à fait à l’idée que pouvaient s’en faire, en 1911, les rédacteurs et les lecteurs du Petit Journal. Pour retrouver les représentations des contemporains, il faut remonter le temps, restituer précisément le contexte historique, les images et les discours qui accompagnent en France, les débuts de la colonisation au Maroc.

Marianne est-elle une allégorie de la France ou de la République ?

La Marianne représentée en « une » du Petit Journal est-elle l’allégorie de la République ? Une lecture anachronique pourrait laisser penser que Marianne est alors un symbole politiquement neutre et consensuel, le symbole administratif de la République et de l’État français tel qu’il apparaît sur nos timbres et nos feuilles d’impôt.

 En réalité, pour les rédacteurs et les lecteurs du Petit Journal en 1911, la figure de Marianne était un symbole politique qui pouvait se prêter à différentes interprétations. Pour les courants socialistes et anarchistes révolutionnaires, Marianne pouvait être le symbole d’une République bourgeoise et corrompue, réprimant les mouvements sociaux ou, à l’inverse, le symbole de l’ouvrière combattant pour la République sociale. Pour les conservateurs et les droites nationalistes, Marianne pouvait incarner la France glorieuse face aux puissances étrangères ou, à l’inverse, la République rouge voire la « Gueuse » dénoncée par les journaux la Libre parole ou l’Action Française.  Il y avait donc, dans la presse, autant d’avatars de Mariannes qu’il y avait de sensibilités politiques (Ill.1).

Ill.1. Les Deux Républiques par Alfred Le Petit (Le Grelot, 1872). À gauche la République des propriétaires, garante de l’ordre et de la propriété, à droite, la crinière en bataille, la République rouge des prolétaires. Source

La Marianne qui apparaît à la « une » du Petit Journal le 19 novembre 1911 appartient à un registre plus consensuel et rassembleur : elle est représentée avec la cuirasse (symbole combattant), le laurier (symbole de la victoire), le bonnet phrygien (la coiffe des Affranchis à Rome devenu symbole des partisans de la République pendant la Révolution Française) et la corne d’abondance (symbole de prospérité). Le Petit Journal reprend ici l’image officielle de Marianne utilisée par le régime républicain tel qu’elle apparaît sur les statues et les affiches à la gloire de la Troisième République (Ill.2).

Pour autant, Marianne n’est pas réductible à l’image de la République triomphante. Sur les 14 apparitions de Marianne en une du Petit Journal entre 1905 et 1911, la légende sous la gravure indique à 11 reprises aux lecteurs que cette allégorie représente « la France » et non la « République », qui n’est, du reste, jamais mentionnée. Selon l’actualité mise en scène par le quotidien, Marianne est une allégorie de la France patriote portant la cape et la cuirasse (3 octobre 1909) ou une France endeuillée portant une cape noire pour rendre hommage à Maurice Berteaux, le ministre de la Guerre tué par la chute d’un aéroplane (4 juin 1911). De même, le 19 novembre 1911, la légende indique que c’est la France, et non la République, qui apporte la « civilisation » au Maroc.

Si le bonnet phrygien et les trois couleurs rattachent Marianne au régime républicain, celle-ci prend quelques libertés à la « une » du Petit Journal, troquant, à l’occasion, le bonnet phrygien pour la couronne murale, symbole de souveraineté et de puissance (18 septembre 1910). Ainsi, les Mariannes du Petit Journal changent d’attributs et de significations selon l’actualité, devenant l’allégorie de la France ou de la République selon la sensibilité politique des Français ; une représentation allégorique suffisamment ouverte pour rassembler un grand nombre de lecteurs, ce qui était une priorité de ce journal populaire, républicain et conservateur.

Marianne apporte-t-elle vraiment « la civilisation » au Maroc ?

Cette Marianne enthousiaste, optimiste et sûre d’elle-même est auréolée d’éclats de lumière qui peuvent signifier l’espoir d’une ère nouvelle pour le Maroc et la France – selon une représentation déjà utilisée pour annoncer la nouvelle année 1911 (1er janvier 1911).  Avec un peu d’imagination, ces rayons lumineux peuvent être associés à la couronne solaire radiée, symbole de la Liberté, sur le modèle de la statue conçue par Auguste Bartholdi (1834 - 1904) et offerte par la France aux États-Unis en 1886. Enfin, comme semble le suggérer la légende, ces lumières sont également celles de la « civilisation » apportée par la France au Maroc.

Cette dernière interprétation est récurrente dans les manuels scolaires qui présentent cette « une » comme une illustration de la « mission civilisatrice » de la France dans les colonies : la supériorité de la civilisation française – représentée ici par la Marianne triomphante - justifierait la colonisation de sociétés moins « évoluées » en Afrique et en Asie. Ce thème de la mission civilisatrice est alors très présent en Europe à la fin du 19e siècle pour justifier la colonisation au nom de principes humanitaires. Selon ce discours, les Européens auraient le devoir d’apporter le progrès matériel, l’instruction et la liberté politique (contre l’esclavagisme en Afrique) aux sociétés considérées comme moins « civilisées ». Ce discours apparaît de manière presque caricaturale à la « une » du Petit Journal : Marianne domine les populations marocaines soumises, implorantes et heureuses de bénéficier de sa supériorité économique (corne d’abondance, charrue) et des lumières de son instruction (livre). Cette hiérarchisation très nette frappe suffisamment l’imagination pour s’imposer comme une image incontournable du sentiment de supériorité des colonisateurs à la fin du 19e siècle.

Il existe pourtant d’autres interprétations de cette gravure qui permettent de nuancer les intentions du dessinateur et la réception qui était faite de cette image en 1911. Il faut d’abord souligner la concordance de cette représentation avec les allégories de la République bienfaitrice qui apparaissent sur les affiches et les statues de Marianne à la fin du 19e siècle et dont les promesses faites à la population française ne sont guère différentes, dans les grandes lignes, de celles faites aux sociétés colonisées : ordre, instruction et prospérité matérielle (Ill.2). Pour les lecteurs du Petit Journal, la Marianne marocaine pouvait inspirer un sentiment de familiarité en apparaissant comme le prolongement colonial des promesses républicaines.

Ill.2. Affiche de la fête du centenaire de la République (1792 – 1892). Lithographie de E. Pichot. BNF - Gallica.

L’idée d’une supériorité de la civilisation française sur la société marocaine, pour être largement admise, n’était pas non plus une évidence partagée par tous les Français. Certes, la presse française avait contribué depuis les années 1900 à transmettre l’image d’un Maroc inquiétant et dangereux, soumis à la cruauté du Sultan, à la corruption de sa cour, à l’anarchie guerrière des tribus et des prétendants au trône, au fanatisme religieux ; un Maroc décadent dont les populations étaient l’objet de stéréotypes racistes. Mais la « Morocco Mania » (Daniel Rivet) qui touche la presse française dans les années 1900 produisait aussi des images moins sombres, inspirées de l’orientalisme d’un Eugène Delacroix, qui mettaient en scène ce pays mystérieux – encore peu connu des Européens – à la manière d’un ailleurs exotique et fascinant, conservant toutes les beautés médiévales de la civilisation islamique. Il faut enfin souligner l’intérêt des savants dans la presse (linguistes, géographes, historiens ethnographes, arabisants) réunis par les comités scientifiques (Mission scientifique du Maroc, Comité du Maroc), lesquels entendaient mieux connaître la société et les institutions marocaines. L’image d’un Maroc barbare et primitif – opposé à la modernité et au raffinement de la civilisation française – pouvait donc sembler quelque peu caricaturale à des lecteurs imprégnés d’orientalisme.

Enfin, cette gravure pouvait avoir une autre signification en 1911, associée à l’idée de « protection » apportée par la France au Maroc, un argument développé dans la presse par les diplomates et militaires dans les années 1900 pour justifier l’aide financière et militaire fournie au Sultan. La « protection » apportée au Maroc par les soldats et les capitaux français devait inspirer quelques mois plus tard la formule du protectorat : selon le traité de Fès (30 mars 1912), la France devient la puissance protectrice du royaume chérifien qui conserve une partie de sa souveraineté, une formule que le premier Résident général, Hubert Lyautey, mettra en scène en se proclamant le premier serviteur du Sultan. Sur cette gravure, Marianne n’apporte pas seulement les bienfaits de la civilisation française, elle protège les populations marocaines ; lesquelles se prosternent dans un tableau qui pouvait évoquer aux lecteurs familiers des représentations chrétiennes la Vierge de la miséricorde protégeant sous son manteau les humbles et les faibles. 

À qui sont destinées les richesses de la corne d’abondance ? 

Marianne, bienfaitrice, apporte la richesse (corne d’abondance) et le développement agricole (charrue) aux populations marocaines : cette interprétation semble évidente si l’on réduit cette gravure à un discours de propagande vantant la « mission civilisatrice ». Il existait pourtant une autre signification de cette image qui ne pouvait pas échapper aux lecteurs et aux rédacteurs du Petit Journal en 1911. 

En effet, la signature du l’accord franco-allemand du 4 novembre 1911 ouvrait définitivement la voie aux intérêts financiers, industriels et commerciaux de la métropole en apportant à la France la pleine liberté de concessions sur les ressources minières, les mains libres pour l’acquisition de terres agricoles et le contrôle définif des finances de l’État marocain. Depuis les années 1900, un consortium bancaire dirigé par la banque Paribas, soumis aux intérêts de la diplomatie française, avait prêté d’importantes sommes d’argent au Sultan et pris le contrôle progressif des finances du royaume chérifien par une série d’emprunts alimentés en partie par des obligations au porteur. Les Français qui voulaient investir ou placer leurs économies pouvaient donc, comme ils l’avaient fait pour les emprunts russes, investir leur argent dans les finances de l’État marocain.

À cette emprise financière s’était ajoutées plusieurs manœuvres spéculatives sur les concessions minières et les terres agricoles. La concurrence entre plusieurs consortiums miniers avait abouti à la fin des années 1900 à la spéculation sur les richesses minières du Maroc, certains spéculateurs faisant courir la rumeur d’immenses gisements miniers pour attirer les investisseurs. De même, la Compagnie française générale au Maroc avaient acquis de manière illégale des hectares de terres dans la région d’Oujda et lancé une souscription destinée à attirer l’argent des épargnants avec des plus-value défiant toute concurrence.

Ce contexte spéculatif donne une autre signification à la corne d’abondance remplie de pièce d’or – et non de fruits ou de fleurs (Ill.2) – dont la place centrale sur la gravure était autant destinée à montrer aux lecteurs la prospérité bienfaisante de Marianne qu’à attirer l’attention des actionnaires et des épargnants. L’utilisation de la presse pour servir les intérêts des milieux financiers était d’ailleurs monnaie courante à la fin du 19e siècle. Le Petit Journal lui-même avait déjà reçu en 1905 d’importantes sommes d’argent de la Russie pour défendre la réputation des emprunts russes – un scandale révélé seulement dans les années 1920. Il n’est donc pas impossible que les rédacteurs aient voulu s’associer à l’euphorie spéculative dont le Maroc était l’objet à la fin de l’année 1911. La rédaction du Petit Journal prévenait d’ailleurs les lecteurs des opportunités économiques marocaines dans l’écart explicatif de la gravure :

« Le Maroc, de l'avis de tous les voyageurs européens qui l'ont visité, est au point de vue économique un pays de grand avenir. Son commerce général en 1909 s'est élevé à 132 612 644 francs dont 80 millions à l'importation et 52 562 754 à l'exportation. L'activité française va développer son commerce apporter aux habitants les procédés modernes d'agriculture et d'industrie mettre en valeur les nombreuses mines de fer que contient le sous-sol marocain. On peut donc espérer que ce pays dont les richesses ont été jusqu'ici à peine exploitées s'ouvrira enfin à la civilisation, se développera sous l'égide de la France et deviendra pour nous une seconde Algérie ».

Pourquoi la guerre coloniale apparaît-elle seulement au second plan ? 

Marianne a-t-elle traversé la Méditerranée ou l’océan Atlantique pour débarquer ainsi au Maroc ? Le dessinateur laisse libre cours à l’imagination cartographique du lecteur, lequel, s’il est bien renseigné sur les opérations militaires en cours depuis 1907, situe la scène dans la région de Rabat ou de Casablanca, points d’entrée de la conquête militaire française sur le littoral marocain. 

La gravure oppose ici deux Maroc : au premier plan, les plaines fertiles et les villes littorales ouvertes au commerce par leurs ports (Rabat-Salé, Casablanca, Mogador), au second plan les montagnes du Haut et du Moyen Atlas ; au premier plan le Maroc contrôlé par les troupes françaises et le maghzen (nom donné au pouvoir du sultan, à sa clientèle et son administration), au second plan, les montagnes hostiles défendues par des tribus jugées ingouvernables, en révolte contre le Sultan et l’armée française. En mettant en scène les opportunités ouvertes aux capitaux français, le dessinateur a pris soin de placer au premier plan ce « Maroc utile » (Hubert Lyautey), à l’écart des désordres de la guerre cantonnée aux montagnes de l’arrière-pays.

Cette gravure présente un Maroc « pacifié » après les affrontements des années 1907 à 1909. Aussi la scène militaire en arrière-plan n’est pas une scène de guerre : on y distingue un officier des troupes coloniales s’adressant à un tirailleur sénégalais au garde à vous. Au sommet des montagnes, comme tenus à distance, des combattants montés sur des chameaux semblent saluer l’œuvre civilisatrice de la France : s’agit-il de tribus ralliées ou sur le point de se rallier à la France ? 

Un mois plus tôt, le 15 octobre 1911, le Petit Journal avait mis en scène le débarquement de l’armée italienne à Tripoli, dans le contexte de la guerre italo-turque, sous un jour nettement plus belliqueux (Ill.3).

Ill.3. Supplément illustré du Petit Journal (15 octobre 1911). Source.

La conquête italienne de la Lybie était justifiée par le combat pour la civilisation et la liberté, l’empire ottoman étant accusé de laisser se développer à Tripoli des marchés d’esclaves en provenance d’Afrique centrale. L’allégorie de la civilisation portant le flambeau de la liberté se confond ici avec l’allégorie de la nation italienne, symbolisée par l’étoile à cinq branches (Stella d’Italia), laquelle mène les troupes au combat contre les représentants de la barbarie esclavagiste. La gravure présente donc un versant plus brutal de la « mission civilisatrice » qui ne cache pas la guerre menée contre la « barbarie ».

La différence de traitement entre les deux gravures tient à une différence de contexte : d’un côté la France a mené une lente pénétration de l’État marocain en s’appuyant sur les autorités déjà en place, de l’autre, les troupes italiennes entendent remplacer les autorités ottomanes par les armes. Mais cette différence tient aussi à la mise en scène de la colonisation française au Maroc qui tient moins de la conquête militaire que de l’opération de police ou de « pacification », une colonisation douce, en quelque sorte, visant la protection des populations marocaines – lesquelles, sur la gravure, remercient la France de cette protection. Au Maroc anarchique, soumis aux révoltes et aux assassinats qui avaient fait à plusieurs reprises la « une » du Petit Journal, devait succéder en 1911 l’ordre et la paix apportés par les armées coloniales.

En 1912, le soulèvement de Fès, la révolte armée des tribus du Moyen Atlas et le jihad mené au Sud par le prétendant Moulay Ahmed El Hiba mettront un terme à ce tableau idyllique, entrainant les armées coloniales dans une série d’affrontements qui vont s’étirer sur plus de vingt ans et dont la guerre du Rif (1921-1926) constitue l’épisode le plus médiatique. En dépit d’un lourd bilan humain (plus de 100 000 morts selon Daniel Rivet), ces guerres seront, elles aussi, placées au second plan par le protectorat d’Hubert Lyautey soucieux de promouvoir en métropole la représentation humaniste d’une pacification coloniale mise au service de populations marocaines. De ce point de vue, cette une du Petit Journal ne saurait résumer, à titre d’illustration, ce que fut la colonisation française au Maroc.

Citer cet article

Mathieu Marly , « La France et ses colonies : la mission civilisatrice au Maroc. Le Petit Journal (19 novembre 1911) », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe [en ligne], ISSN 2677-6588, mis en ligne le 28/03/25 , consulté le 22/04/2025. Permalien : https://ehne.fr/fr/node/22552

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Bibliographie

Agulhon, Maurice, Marianne au pouvoir. L’imagerie et la symbolique républicaine de 1880 à 1914, Paris, Flammarion, 1989.

Agulhon, Maurice et Bonte, Pierre, Marianne : les visages de la République, Paris, Gallimard, 1992.

Charle, Christophe, Le siècle de la presse (1830 - 1939), Paris, Seuil, 2004.

Rivet, Daniel, Lyautey et l’institution du protectorat français au Maroc. 1912-1925. Tome. 1, Paris, L’Harmattan, 1996.

Rivet, Daniel, Le Maroc, de Lyautey à Mohammed V. Le double visage du Protectorat, Paris, Denoël, 1999.

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