Les Jeux Européens Sport-Santé en France au service d’un sport alternatif (1997 ; 2002)

Les Jeux européens Sport-Santé organisés à Lyon en 1997 puis à Paris en 2002 ont cherché à changer les représentations sociales du sport en Europe, en promouvant sa dimension santé. L’idée est de démontrer qu’une pratique adaptée du sport permet de lutter contre la sédentarité sans jamais courir le moindre risque et ce, quels que soient l’âge et la condition physique des participants. Grâce à ces deux événements médiatiques, la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire propose une alternative aux compétitions sportives telles que structurées par le comité national olympique et sportif français. Il s’agit pour elle d’attirer l’attention à la fois des pratiquants sur l’opportunité d’autonomiser la gestion de leur capital santé, et des institutions européennes pour un soutien de cette démarche.

Affiche de promotion de la 1ère édition en France des JESS. Elle est utilisée lors de la 2ème édition internationale par la FFEPGV pour montrer au public français qu’elle est leader en matière d’évènements sport-santé. Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Affiche de promotion de la 1ère édition en France des JESS. Elle est utilisée lors de la 2ème édition internationale par la FFEPGV pour montrer au public français qu’elle est leader en matière d’évènements sport-santé. Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Pratiques sportives et plan des activités aux 7èmes JESS de 2002 à Paris.  Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Pratiques sportives aux 7èmes JESS de 2002 à Paris. Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Pratiques sportives et plan des activités aux 7èmes JESS de 2002 à Paris.  Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Plan des activités aux 7èmes JESS de 2002 à Paris. Source : fonds de la FFEPGV (Fédération Française d'Éducation Physique et de Gymnastique volontaire)
Sommaire

La Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV) organise pour la première fois en France à Lyon, en 1997, puis à Paris en 2002, les 2ème et 7ème éditions des Jeux Européens Sport-Santé (JESS). Fondée en 1888 pour lutter contre les effets de ce qu’elle définissait comme la dégénérescence de la population française, cette institution entend ainsi lutter un siècle plus tard contre la sédentarité et promouvoir le Sport-Santé dans l’Hexagone. En d’autres termes, les JESS cherchent à accentuer au tournant du xxie siècle la diffusion d’une pratique corporelle adaptée à tous les publics. Il s’agit en effet d’encourager l’accès du plus grand nombre aux activités physiques et sportives, ainsi que d’ouvrir des perspectives de progrès en termes de capacités physiques et de santé.

Promouvoir le Sport-Santé et la lutte contre la sédentarité

Depuis 1993 et l’élection d’un nouveau président, Gérard Auneau, la FFEPGV multiplie les initiatives sous la bannière « Sport-Santé ». Si la santé est depuis la fin du xixe siècle au cœur de l’identité culturelle de cette fédération, l’objectif est désormais de favoriser, dans tous les milieux sociaux et à toutes les périodes de la vie, l’épanouissement des individus par une pratique d’activités physiques régulière et dénuée de tout esprit de compétition ou de performances. S’inscrivant dans une véritable politique préventive, il s’agit aussi, conformément au principe d’une fédération sportive affinitaire, de favoriser les rencontres entre personnes aux préoccupations communes.

Pour ce faire, la FFEPGV met sur pied une politique de communication, interne et externe, avec l’aide de spécialistes en communication et marketing. Malgré quelques opposants, ce choix s’inscrit en continuité de la loi française du 16 juillet 1984 sur « l’organisation et le développement du sport » qui professionnalise les métiers du sport et oblige les fédérations à devenir des entreprises gestionnaires. Le slogan Sport-Santé incarne cette nouvelle stratégie désormais explicite dans les Plans d’Action à Moyen Terme. La fédération devient une « entreprise associative »" dont les techniciens (les animateurs) sont au service des adhérents (les gymnastes volontaires). Ce nouvel axe identitaire porte ses fruits : la barre des 400 000 adhérents est franchie en 1996 et celle du demi-million en 2002. Dans ce contexte, les initiatives se multiplient. Lors du congrès national de 1995 est créée une Confédération Européenne Sport-Santé. La décision est alors prise d’organiser à Lyon les premiers JESS en France pour diffuser dans le pays l’idée d’une éducation physique pour tous.

Cette initiative prolonge des campagnes initiées dès les années 1970 par le ministère français des sports et des instances européennes. Les JESS s’inscrivent notamment en continuité du projet Eurofit conçu en 1978 par le Comité pour le développement du sport du Conseil de l’Europe. Ce projet avait pour but de mettre en place le principe du sport pour tous afin d’améliorer par la pratique d'une activité physique le bien-être et la santé d’abord chez les enfants, puis au cours des années 1980, chez les adultes puis chez les séniors.

Médiatiser une conception alternative du sport de compétition

Cinq ans plus tard, la seconde édition française des JESS est organisée à Paris et en Ile-de-France, du 27 au 30 juin 2002. Elle mobilise plus de 1000 bénévoles et accueillent six fois plus de participants qu’à Lyon, avec 30 000 personnes dont 11 000 assistent à la cérémonie d’ouverture qui a lieu dans l’emblématique Palais Omnisports de Paris Bercy. Là encore, il s’agit de prouver pendant trois jours que les pratiques physiques et de loisirs, dans le cadre d’une activité non-compétitive, sont bien accessibles à tous les publics, et ce, sans préparation particulière, dans un esprit de découverte allié à une approche ludique. Les JESS offrent l’opportunité de promouvoir le triptyque « Plaisir – Progrès – Mouvement » avec l’épanouissement de chacun dans le respect des autres, et de porter le message selon lequel les pratiquantes et pratiquants peuvent toujours mieux utiliser leurs ressources en vue de se perfectionner, tout en respectant leur intégrité physique et morale par un engagement maîtrisé. Enfin, ces JESS réaffirment les nombreux avantages de mixer les âges, les sexes, les niveaux et les socioculturelles. Ils consacrent l’institutionnalisation en France d’un sport populaire, non compétitif, ludique, rationnel et hygiénique. Au 31 juillet 2002, la FFEPGV compte 521 672 adhérents répartis en 7547 sections et fait partie des quatre grandes fédérations de plus d’un demi-million de licenciés après le football, le tennis, et le judo. Ces deux éditions des JESS permettent aussi de diffuser en France le programme Health Enhancing Physical Activity (HEPA) promu par le Conseil de l’Europe et dont l’objectif principal vise, d’une part, à assurer la pratique d’une activité physique sans risque, et, d’autre part, de contribuer au bien-être et à la santé du plus grand nombre. Ce programme européen réunit alors des associations sportives finlandaises, néerlandaises, suisses, anglaises et françaises qui œuvrent au quotidien à la promotion des bienfaits de l’activité physique et sportive en direction des populations sédentaires ou peu actives, et plus particulièrement les jeunes, les adultes et les personnes de plus de 50 ans en difficulté sociale et/ou professionnelle.

Malgré le succès des deux éditions françaises des JESS, ces derniers disparaissent du paysage européen pour laisser la place à des programmes d’activité physique promus soit par le Conseil de l’Europe, soit par la Commission européenne. En effet, si de tels évènements n’existent plus depuis deux décennies, leur philosophie demeure à travers l’activité régulière du groupe d’experts du Conseil de l’Europe chargé de mettre en œuvre les lignes directrices du programme sur l’activité physique bienfaisante pour la santé (HEPA).

Citer cet article

Jean Saint-martin , « Les Jeux Européens Sport-Santé en France au service d’un sport alternatif (1997 ; 2002) », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe [en ligne], ISSN 2677-6588, mis en ligne le 30/05/23 , consulté le 04/12/2024. Permalien : https://ehne.fr/fr/node/22109

Bibliographie

Lebecq, Pierre-Alban, Sport, éducation physique et mouvements affinitaires au xxe siècle, Paris, L’Harmattan, 2004.

Lebecq, Pierre-Alban, Morales, Yves, Saint-Martin, Jean, Travaillot, Yves, L’exercice et la santé : identité de la Gymnastique Volontaire en France (1954-2014), Lille, Le Manuscrit, 2013.

Miège, Colin, Les organisations sportives et l'Europe, Paris, INSEP-Éditions, 2009.

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Exemplaire du ballon TELSTAR de la firme Adidas (à droite), inspiré du satellite de télécommunications Telstar (à gauche) pour la Coupe du Monde 1970. Source : Google
Caricature dans la Süddeutsche Zeitung, le 13./14. octobre 1979, à propos de la quatrième CES à Berchtesgaden.
Légende : Logo de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Europe (ACNOE) au moment de la ratification des statuts en 1975. Source : Archives du Centre d’Études Olympiques du CIO, Lausanne.
Légende : Logo de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Europe (ACNOE) au moment de la ratification des statuts en 1975.
Source : Archives du Centre d’Études Olympiques du CIO, Lausanne.
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