Le fonds Colbert : photographies et intelligence artificielle

Le fonds Colbert, qu’est-ce que c’est ?

1816 photographies positives sur plaques de verre ont été découvertes en mai 2013 par Laurence Giordano (enseignante d’histoire) dans les réserves du lycée Colbert (Paris, 10e arrondissement). 

À la fin du 19e siècle, ces plaques de verre étaient placées dans des appareils de projection lumineuse et servaient de supports pédagogiques pour les enseignants du Lycée Colbert et pour les conférences populaires réservées à un public d’adultes. Couvrant l’Europe et le monde, le fonds Colbert donne à voir une perspective française sur le monde à la Belle Époque.

Histoire et intelligence artificielle, comment ça marche ?

L’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe s’associe avec le laboratoire LIP6 (Sorbonne Université) pour vous permettre d’explorer le fonds Colbert grâce à la reconnaissance d’images par intelligence artificielle. 

La reconnaissance d’images établit des correspondances entre les photographies du fonds Colbert en identifiant automatiquement les grandes formes et les objets qui y figurent, comme vous pouvez le voir sur la « constellation ».

Conçue par des algorithmes statistiques, ce procédé a cependant ses limites. Le réseau neuronal a été mis à l’épreuve à partir d’une base de données recensant des milliers d’images du 21e siècle, publiées sur le web (ImageNet). Par conséquent les objets détectés sont parfois anachroniques (porte-conteneurs, pompe à essence, etc.).

En cliquant sur une photographie, vous verrez ainsi s’afficher les taux de probabilité de reconnaissance des objets sous le titre « Prédictions ». Le résultat est souvent probant… et parfois improbable !

Chameaux et chasses neiges

Sur cette photographie prise en Tunisie à fin du 19e siècle, vous reconnaissez sans doute des chameaux ? L’intelligence artificielle aussi, avec une probabilité 97,97 %.

Sans recourir à l’analyse du texte, l’intelligence artificielle a bien reconnu un chasse-neige (86,34 %) sur cette photographie prise au Canada à la fin du 19e siècle.

Ours en peluche et masque à gaz

Le photographe a mis en scène un couple endormi dans un intérieur japonais. L’intelligence artificielle, elle, n’est pas certaine des objets représentés sur cette image : un ours en peluche 

(12, 72 %) ? 

Sur cette photographie d’une famille Araucanas du Chili, l’intelligence artificielle a reconnu un masque à gaz (48,10%). Est-ce la forme du collier porté par le personnage au premier plan qui a trompé l’intelligence artificielle ? 

Quelles applications pour l’analyse historique ?

L’application des méthodes de reconnaissance d’image de photographies anciennes n’en est qu’à ses débuts. Dans les prochaines années elle permettra de classer, d’analyser et de visualiser les millions de photographie archivées, numérisées et mises en ligne par les grandes institutions culturelles.

La possibilité de rechercher directement les formes et les objets sur ces photographies sans se reporter aux textes afférents (descriptifs, commentaires) permettra ainsi de créer instantanément de nouveaux corpus de millions d’images sans l’aide des classements traditionnels des archives et des collections photographiques.

Les outils de l’intelligence artificielle seront également en mesure de repérer de grandes évolutions de la photographie à partir des collections numérisées. La reconnaissance de similarités entre images ouvre enfin la possibilité de retracer le parcours de photographies de presse à travers des milliers de titres.

 

Droits d’utilisation du Fonds Colbert : Lycée Colbert / Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe

Création de l’application : Louis Gavalda

Coordination LIP6 : Isabelle Bloch

Coordination EHNE : Daniel Foliard et Mathieu Marly

Animation du site : Juliette Picandet Ledermann, Cyril Lederman (Studioweb)