Rassemblant alors des marchés et des halles, l’actuelle Grand-Place de Bruxelles attira au xve siècle les échevins de la ville, qui y firent édifier un hôtel de ville, et les corporations de métier, dont la puissance s’afficha dans la construction de fastueuses maisons. Après l’anéantissement d’une grande partie des bâtiments existants par l’artillerie française en 1695, les métiers bruxellois, comme les autres propriétaires de maisons au bord de la place, en entreprirent la reconstruction, en réutilisant parfois les parties de leurs propriétés qui avaient survécu. Elevées sur les mêmes parcelles, ces nouvelles réalisations conservèrent le caractère élancé, que soulignent les couronnements aux formes déchiquetées. Les élévations sont en outre enrichies de nombreuses sculptures souvent allégoriques. Ces différents caractères se retrouvent sur les façades que montrent ce cliché, où s’alignent de gauche à droite la maison du Renard (maison de la corporation des merciers), celle du Cornet (corporation des bateliers), celle de la Louve (Serment des archers), celle du Sac (corporation des ébénistes), celle de la Brouette (corporation des graissiers) et celle du Roi d’Espagne (corporation des boulangers).
Cet ensemble suscita dans la seconde moitié du xixe siècle un nouvel intérêt patrimonial, le Conseil communal soulignant dans les années 1870 la nécessité de préserver ces maisons, dont la restauration systématique fut initiée dans la décennie suivante. C’est dans ce cadre que la maison du Roi d’Espagne, qui avait perdu son décor ainsi que son couronnement et à l’intérieur de laquelle avait été inséré un étage supplémentaire, fut entièrement reconstruite entre 1900 et 1902 : elle apparaît sur la droite du cliché après la fin des travaux, qui s’attachèrent à reconstituer son aspect ancien.

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Bruxelles, maisons des corporations : l'ensemble
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