Brescia est au cours des dernières décennies du XIXe siècle durant lesquels date ce cliché, une ville certes commerçante, mais essentiellement industrielle. La rivière Mella, traversant la gorge dans laquelle si situe Brescia, fournissait alors assez d’énergie pour un grand nombre d’usines de laine, de soie, de toile et de dentelle, mais surtout dans la fabrication d’armes blanches… À tel point que la région est appelée encore dans les années 1890 « la vallée du fer ». Les commentateurs se désolant que cette industrie – jadis si florissante – périclite expose la glorieuse histoire métallurgique de Brescia :
« Au XVe siècle, Brescia comptait, paraît-il, deux cents fabriques d’armes appréciées dans l’Europe entière, et au XVIe siècle, celles-ci recevaient de toutes les parties de l’Italie d’importantes commandes d’arquebuses, dont la fabrication était devenue une spécialité locale. Cette industrie, loin de diminuer, ne fit que s’accroître aux siècles suivants, et de 1794 à 1797, on nota entre autres commandes, celles faites par l’Espagne, et qui montèrent à 150,000 fusils. […] [A]ctuellement il semble que l’État italien, dans son désir de concentrer sur un même point la fabrication générale du matériel de guerre, ne donne plus à l’industrie bresciane l’appui dont elle a besoin. » (G. de Léris, Le Monde pittoresque et monumental, Paris, Quantin, 1889, p. 162.)
De même Brescia à la fin du siècle est encore liée, d’après les écrits contemporains, à la bataille de Solférino en juin 1859 ; les routes de la ville furent encombrées de convois transportant l’approvisionnement de l’armée et les soldats mourants et la ville transformée en prison et en centre hospitalier d’où arrivaient les soldats italiens français et autrichiens. Cette situation marqua les mémoires à plus d’un titre, les critiques français rapportant fréquemment l’indulgence de l’armée française face aux soldats autrichiens blessés qu’une partie de la population volontaire et les médecins français et italiens soignèrent. (Cf. Henry Dunant, Un souvenir de Solférino, Fick, Genève, 1862.)
Ce cliché cependant ne fait allusion à aucun élément topographique ni de l’histoire martiale de Brescia, mais donne à voir un panorama de la ville pris depuis le château en surplomb et constitué de ses grands monuments patrimoniaux : ses églises et ses beffrois. Ainsi le spectateur peut contempler les tours de l’église San Giuseppe, de l’église San Giovanni, le beffroi della Palata ainsi que le grand dôme bulbeux de l’église Santa Maria della Pace, derrière lequel le Palais Bargnani étale sa façade barlongue. Ce cliché est dès lors étonnant, puisqu’au regard de la bibliographie existante sur Brescia, peu d’ouvrages commentent son patrimoine monumental ecclésiastique pourtant très admiré en France dans les années 1830. Il faut dès lors comprendre cette vue comme une veduta, tel que le cliché n° 34007 et quelques autres panoramas de villes présents dans ce fonds photographique.
Informations
Brescia, vue panoramique prise du château
non identifié