Grâce à la confrontation de cette pièce avec les collections photographiques de la Société de Géographie, il a été possible d’identifier plus précisément ce portrait dit « type d’indien mexicain ». Il existe en effet une photographie identique, attribuée à Anatole Bouquet de la Grye et qui fut reproduite sous forme de plaque de verre par Molténi dans le but d’illustrer une conférence en 1883 à la Société de Géographie (Bibliothèque nationale de France, département Société de Géographie, SG XGB-2). Plus précise que celle du fonds Colbert, la légende de cette plaque de verre permet d’apprendre qu’il s’agit d’un individu appartenant aux Kickapoo de Californie, vivant près de Monterey.
Il convient de remarquer que l’homme représenté ici, pose sur un fonds peint, neutre. Il est par conséquent certain qu’il s’est déplacé ou fut amené dans une ville pour participer à cette séance de pose en atelier. L’esthétisme de la représentation et la pose conventionnelle en studio rappellent l’activité contemporaine d’Edward Sheriff Curtis qui entreprit de rassembler par une somme d’écrits et de clichés photographiques des archives concernant les peuples dont les cultures étaient, selon lui, sur le point de disparaître. Extrêmement proche esthétiquement, l’activité photographique d’Edward Sheriff Curtis est toutefois légèrement postérieure ; son activité éditoriale commencée en 1891 s’étale essentiellement de 1907 à 1930 avec cette publication en plusieurs volumes : The North American Indians. On ne peut dès lors calquer les considérations anthropologiques d’Edward Sheriff Curtis sur le propos de la plaque appartenant au fonds Colbert. Toutefois, avant la vogue des photographies de Curtis, plusieurs ateliers diffusaient des portraits d’indiens, et il est fort probable que Bouquet de la Grye fit l’acquisition de ces clichés en boutique pour leur caractère documentaire. Reste que c’est grâce à l’entreprise encyclopédique de Curtis qu’il est possible de renseigner l’histoire de ces populations et leur perceptions à la fin du xixe siècle, ainsi que les coutumes, les mœurs, les mythes ou légendes de chaque tribu indienne du continent américain. La description des Kickapoo par Curtis est à ce titre la plus riche et la plus précise qui existe :
In history the Kickapoo, who have a close ethnic and linguistic connection with the Sauk and Foxes, first appeared about the middle of the seventeenth century between Fox and Wisconsin rivers in Wisconsin. After taking part in the destruction of the Illinois Confederacy about 1765, they moved southward, establishing headquarters at the site of Peoria, Illinois. Gradually extending their range, a portion, centering around Sangamon river, became known as the Prairie Band, while a part, ranging east to the Wabash river, were designated the Vermilion Band. This tribe with other Mississippi Valley peoples took a prominent part in the Tecumseh uprising in 1811 and the Black Hawk War of 1832. In 1809 they ceded their lands on Wabash and Vermilion rivers, and ten years later all their claims in central Illinois, and were removed to Missouri and thence to Kansas. » (Curtis, 1930, vol. 19, p. 22-23.)
Informations
Type d’indien mexicain
non identifié