Les Araucans du Chili sont vus dans l’historiographie de la fin du xixe siècle comme l’un des rares peuples qui parvint à se soustraire de la domination espagnole. Les troupes de Valdivia furent vaincues en 1543 par le chef Caupolican. Ainsi que le rapporte Adalbert Frout de Fontpertuis, les Araucans « le firent périr en lui coulant dans la gorge de l’or fondu, lui criant : "rassasie-toi donc de cet or que tu aimes tant." » (Adalbert Frout de Fontpertuis, 1882, p. 119). A la date de cette publication, les Araucans sont décrits comme un peuple étant parvenu à conserver une indépendance nationale. Pour cette raison les Espagnols avaient nommé leur territoire l’Estado indomito (l’État indompté).
Les études d’anthropologie publiées à l’aube du xxe siècle offrent une vision plus contemporaine du mode de vie des Indiens d’Amérique du sud. Les scientifiques séparent les Indiens du Chili en deux catégories principales : les Indiens sédentaires et agriculteurs nommés Araucans et les Indiens nomades et chasseurs, les Patagons. Le cliché ci est consacré à la vie sédentaire et agricole des femmes araucanes posant dans un espace clos consacré à la culture végétale, présentant au photographe leurs physionomie et costumes. Pour permettre l’observation, l’une d’elle – certainement à la demande du photographe – à posé devant elle à la verticale un enfant harnaché dans un berceau traditionnel pour le mieux voir. Tous les âges et rôles de la femme araucane sont ainsi présentés dans cette image. Les femmes ont dans la majorité des écrits scientifiques concernant les Araucanas fait l’objet d’études approfondies. Les auteurs développèrent l’idée que, si ces Indiens se sont sédentarisés, c’est principalement en raison du travail quotidien des femmes qui sont à la fois chargées de s’occuper du foyer, des enfants, mais aussi des nombreuses taches agricoles, de cultiver le blé et le maïs, en s’occupant aussi du bétail, de la chasse et de la fabrication des étoffes. (Cf : Auguste Racinet, Le Costume historique, vol. 6, Paris, Firmin Didot, 1876, n. p. )
Auguste Racinet, estimant leur condition malheureuse, s’attarde dans son encyclopédie du costume à décrire leur vêtement en s’appuyant sur les écrits anthropologiques du temps, et en particulier sur les témoignages de Désiré Charnay publiés dans le Tour du Monde de 1867 :
Leur coiffure consiste en une espèce de résille maintenant les cheveux séparés en deux nattes fort longues ou en bandelettes brodées enroulées comme un turban. Robe longue sans manches et ouverte sur le côté ; ceinture de cuir ornée de dessins de diverses couleurs ; ichella, long manteau fixé à la partie supérieure par le toupou, broche en argent à grande tête plate et ronde ; colliers en verroterie. Les plus jeunes femmes portent à demeure au poignet et au-dessous des chevilles, des bracelets et des anneaux faits de perles grossières de plusieurs couleurs, enfilées dans des fibres tirées de la viande.
Grâce à l’album de la collection Georges Sirot (1898-1977) comportant un tirage similaire signé (Paris, BNF, département des Estampes et de la Photographie, PET FOL-OF-66, Recueil. Vues, types et mœurs d’Argentine et du Chili), il a été permis d’attribuer cette vue photographique à Obder W. Heffer (1860-1945), photographe américain s’étant installé à Santiago du Chili en 1886 où il ouvrit vers 1910 son studio Casa Heffer.
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Araucans de la plaine
non identifié