Ce cliché réalisé à Surakarta, village de l’île de Java, fut vraisemblablement réalisée devant une école ; les enfants riants, posent pour le photographe, tandis que deux adultes restent à l’arrière-plan dans l’ombre, veillant sur le groupe. Cette scène purement anecdotique est pourtant très importante dans un tel ensemble pédagogique. Surakarta est un village appartenant à ce que l’on nommait alors les Indes orientales néerlandaises, c’est-à-dire les îles contrôlées par les Pays-Bas.
Après près d’un siècle de guerres locales en raison du contexte colonial, le XXe siècle s’ouvre avec la proclamation d’une étique nécessaire de la part des Pays-Bas, la reine Wihelmine décidant en septembre 1901 de débloquer des fonds pour « améliorer les conditions de vie des chrétiens indigènes, allouer aux activités missionnaires les fonds dont elles avaient besoin, et informer l’ensemble de l’administration [coloniale] que les Pays-Bas avaient une obligation morale à remplir envers les populations [des Indes orientales néerlandaises] » (voir , Romain Bertrand, État colonial, noblesse et nationalisme à Java : la tradition parfaite, Karthala, 2005, p. 452).
La photographie présente ici le résultat des actions de Van Heutz, gouverneur général de l’Indonésie en octobre 1904. Ce dernier mit en place des structures pour l’éducation des locaux, ce qu’illustre ce rassemblement d’enfants souriants. Un contact s’établit ainsi entre écoliers javanais et écoliers français, spectateurs de ce supposé « bonheur social » établi par la colonisation.
Informations
Soerakarta, Aloen, Aloen, groupe d'enfants
« M 24779 – Soerakarta. Aloen Aloen, groupe d'enfants », Maison Radiguet et Massiot, Projections Molteni, Vues de voyages et explorations en projections lumineuses N° 104, Paris, Radiguet & Massiot, s. d. [3e éd.], p. 109.