Au fond de la rue des Gras, le cliché dévoile plutôt qu’il ne montre, suggère plutôt qu’il n’illustre, la façade de la cathédrale de Clermont-Ferrand, dont on aperçoit le portail central et la rose. Le choix de ce cadrage s’explique peut-être par l’histoire de l’édifice, qui était longtemps resté sans façade occidentale. Celle-ci ne fut en fait entreprise qu’en 1865-1866 et, dirigée par Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc, ne fut achevée qu’en 1890. L’ensemble était donc bien récent lorsque fut prise cette photographie, qui ne cherche à rendre compte que des principales dispositions. Elle permet ainsi de saisir que l’illustre architecte, reprenant les réflexions qu’il avait menées sur la « cathédrale idéale », y mit en place une composition encadrée par deux tours sommées de hautes flèches.
Le cliché ne rend également guère l’une des autres caractéristiques majeures de la façade, et de l’ensemble de l’édifice : l’emploi de la pierre de Volvic. Cette pierre de lave frappe en effet usuellement par sa noirceur, qui inspira aux frères Goncourt leur trait sur la cathédrale de Clermont, « cathédrale des charbonniers ». Une photographie plus proche, prise depuis les espaces dégagés au cours des travaux d’aménagements, aurait sans doute permis de mieux
appréhender ce qui en fait la particularité. Plus qu’à donner à voir ces aspects architecturaux, l’auteur a manifestement cherché à inscrire l’édifice dans son contexte urbain : le cadrage choisi met directement en relation la cathédrale et les hautes rangées de maisons, donnant l’impression – en partie trompeuse – d’un tissu urbain encore très dense au sein duquel jaillissent tout à coup la haute façade et les flèches de l’église.

Informations
Clermont-Ferrand - Rue des Gras et la Cathédrale
non identifié