Kusakabe Kimbei, qui fut dans un premier temps l’assistant de Felice Beato puis du baron von Stillfried fut formé à la photographie à destination des étrangers arrivant en nombre grâce à la réouverture des ports de commerce japonais. Ces nouveaux touristes et Occidentaux de passage, assoiffés d’exotisme, ne connaissaient de l’art japonais que les estampes traditionnelles et les stéréotypes qu’elles diffusent sur le Japon. Felice Beato, puis Stillfried utilisèrent cette attente en proposant à la vente, des vues ayant à la fois une dimension exotique et artistique. Dans cette optique, ils réalisèrent en atelier des scènes courantes et pittoresques, amenant ainsi le quotidien de la rue dans leur studio en le recomposant sur fonds peints. Pour accentuer le caractère artistique de ces vues, des artisans locaux, qui travaillaient usuellement l’estampe, furent employés à peindre à l’encre sur les photographies pour les rendre plus spectaculaires. Ces scènes furent par conséquent conçues à partir de traditions culturelles et artistiques japonaises, mais transposées par des artistes occidentaux par le médium photographique à l’attention de clients eux-aussi occidentaux. Il est de ce fait d’autant plus intéressant de voir les assistants de Beato et de Stillfried, comme Kimbei ouvrir plus tard leur propre atelier et former à leur tour des élèves à cette nouvelle technique photographique, reproduisant parfois à l’identique les œuvres de Beato et de Stillfried. Il s’agit alors d’une réappropriation par des artisans japonais de leur propre exotisme aux yeux des clients de passage européens et américains.
Ainsi ces vues ne sont en rien des photographies documentaires puisqu’elles furent reproduites en atelier, elles sont des compositions pittoresques et décoratives, réunies en albums. Cette scène d’une jeune femme dans une chaise à porteur n’a nullement l’authenticité de la Chaise de voyage chinoise (plaque photographique n°24933). Pourtant, par l’acquisition, puis la reproduction sous forme de plaque de verre, et la projection dans des cours et conférences, il est certain que cette vue de Kimbei, conçue tout d’abord pour divertir les touristes, fut utilisée comme une vision authentique, captée du Japon, et fut par conséquent considérée comme un support de connaissance.
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Palanquin japonais
non identifié