L’émergence d’une sensibilité environnementale au xixe siècle
En 1790, la République fédérale américaine est encore une nation agraire répartie sur un territoire restreint le long de la côte atlantique. En l’espace d’un peu plus d’un demi-siècle, le pays étend ses frontières jusqu’au Pacifique et entre dans l’âge industriel. L’expansion des transports, les progrès technologiques, la révolution du commerce et la croissance démographique font du pays un géant de l’économie mondiale dans la seconde moitié du xixe siècle. Cette transformation technico-économique s’accompagne d’une révolution écologique. Dans les États du Nord-Est du pays, la canalisation des rivières et la construction de barrages pour alimenter en énergie la jeune industrie américaine ainsi que la coupe des forêts pour répondre aux besoins en bois transforment radicalement les écosystèmes. En parallèle, l’agriculture intensive qui se développe avec l’ouverture de nouvelles lignes de chemin de fer entre le Midwest (la région des Grands Lacs) et les grandes villes de l’Est (ouverture de la ligne Baltimore-Ohio en 1830) appauvrit les sols et encourage le départ de colons vers l’Ouest.
Alors que le bois, l’eau et les animaux deviennent les nouvelles commodités d’une économie capitaliste en plein essor, les élites américaines prennent conscience de la fragilité des espaces naturels. La première école de peinture américaine, l’École de la rivière Hudson, avec en chef de file Thomas Cole (1801-1848), représente le sublime des paysages sauvages de l’État de New York, déjà en pleine transformation depuis l’ouverture du canal Erie en 1825 (Ill. 1). Le transcendantalisme, un mouvement intellectuel et religieux inspiré du romantisme anglais et allemand, voit l’homme, le monde naturel et le divin comme une seule et même chose. Ralph Waldo Emerson (1803-1882), le père fondateur du mouvement, publie Nature en 1836 dans lequel il postule que la nature est le lieu privilégié pour ressentir la présence de Dieu. Emerson est d’une grande influence sur l’écrivain Henry David Thoreau (1817-1862). Ce dernier, écœuré par le matérialisme ambiant, part en 1845 vivre en solitaire dans une cabane à Walden Pond, un lac non loin de Concord (Massachusetts) où Emerson possède un terrain. Dans l’ouvrage tiré de cette expérience, Walden or Life in the Woods (1854), il décrit le rapport intime qu’il développe avec les éléments naturels. Pour Thoreau, le nouvel ordre industriel est synonyme de destruction ; il fustige les hommes qui ont abattu les forêts. Ainsi écrit-il que « Grâce à Dieu, ils ne peuvent pas détruire les nuages. »
La création des premiers parcs nationaux (des années 1860 au début du xxe siècle)
Dans la deuxième moitié du xixe siècle, cette nouvelle sensibilité environnementale se diffuse plus largement et trouve même une oreille attentive au plus haut sommet de l’État pendant la présidence de Theodore Roosevelt (1901-1909). Si l’Est des États-Unis continue d’inspirer des inquiétudes, notamment liées à la déforestation et à la disparition de plusieurs espèces d’oiseaux, c’est l’exploitation de l’Ouest américain qui fait l’objet des premières mesures de protection de grande ampleur. L’Ouest regorge de ressources naturelles (bois, minerais, animaux), mais aussi de paysages spectaculaires dont la disparition progressive inquiète les amateurs de ce qu’on appelle alors la wilderness. Sous ce terme, on désigne les paysages de nature sauvage et soi-disant inhabitée (en réalité des tribus amérindiennes y sont déjà présentes) qui permettraient de faire l’expérience de la Création divine avant l’arrivée des humains. Dans les années 1860, nombreux sont les écrivains, artistes, scientifiques et touristes qui réclament du gouvernement fédéral que certains paysages exceptionnels soient préservés des intérêts privés. Une première victoire est obtenue en 1864 quand le gouvernement fédéral accorde à Yosemite, en Californie, le statut de parc étatique, c’est-à-dire d’une zone appartenant à l’État et qui doit être préservée à des fins à la fois récréatives et de protection de la nature. En 1872, le président Ulysses S. Grant (1822 - 1885) signe une loi décisive créant un parc national à Yellowstone, une zone volcanique de plus de 800 000 hectares où se trouvent geysers, chutes et sources chaudes. Un parc national a les mêmes fonctions qu’un parc étatique mais sa protection est garantie cette fois par l’État fédéral.
Le naturaliste et auteur d’origine écossaise John Muir (1838-1914) prend rapidement la tête de ce mouvement préservationniste, destiné à protéger la wilderness. Dans les années 1880, il dénonce la persistance d’activités de pâturage et d’abattage d’arbres dans la vallée de Yosemite. Pour lui, les sommets de granit de Yosemite sont comparables aux cathédrales du Vieux Monde et sont une source d’unité et de fierté nationales. En 1890, Muir obtient raison quand Yosemite devient à son tour un parc national. Deux ans plus tard, il fonde le Sierra Club pour militer pour la création d’autres parcs nationaux.
Les convictions de Muir touchent bientôt un large public. Dans un essai publié en 1893, « The Significance of the Frontier in American History », l’historien Frederick Jackson Turner affirme que c’est au contact de la nature sauvage et des conditions difficiles de vie de l’Ouest que s’est forgée la grandeur du peuple américain, sa capacité d’adaptation, son indépendance et son esprit démocratique. Or, le front pionnier (frontier) n’est plus. L’ensemble du continent est désormais peuplé selon le recensement de 1890. Dans ce contexte, la sauvegarde des derniers paysages sauvages de l’Ouest devient une lutte pour préserver l’essence même de l’Amérique. Le président Théodore Roosevelt est sensible à ce discours. Amateur de chasse et d’exercice en plein air – on lui doit l’existence du surnom Teddy bear pour désigner les ours en peluche, inspiré d’une partie de chasse où il refuse d’abattre un ours qu’on a attaché à une corde à cette intention – il accepte en 1903 la proposition de John Muir de l’emmener camper dans la vallée de Yosemite (ill. 2). Roosevelt en ressort converti à sa cause. Par la suite, il étend la zone du parc et met à l’abri des promoteurs des millions d’hectares du pays sous la forme de parcs et autres zones protégées, y compris Crater Lake dans l’Oregon (où se trouve le lac le plus profond du pays) et la forêt pétrifiée en Arizona.
Si les touristes qui visitent Yosemite et Yellowstone croient voir la nature au matin de la Création, il n’en est rien dans les faits. L’ouverture des parcs nationaux nécessite l’éviction d’Amérindiens pour qui ces territoires sont des zones de chasse, de pêche et de collecte primordiales (ramassage de plantes, baies, noix, racines et pierres précieuses). La mise sous cloche de ces espaces engendre la criminalisation de toute interaction avec la nature qui ne correspondrait pas à l’objectif de protection tel qu’il est défini par le gouvernement. De manière générale, les défenseurs de la wilderness, à l’instar de John Muir, partagent des convictions eugénistes, racistes et xénophobes. Inspirés des théories de Turner sur le rôle du front pionnier dans la formation du caractère américain, certains partisans de la wilderness considèrent en effet que le contact avec la nature sauvage est le meilleur moyen de maintenir la vigueur de la « race » blanche anglo-saxonne. Une telle conception inspire également les mesures dites « nativistes » mises en place au début du xxe siècle pour freiner l’arrivée des populations venues d’Europe du sud et de l’est, considérées comme inférieures à la « race » anglo-saxonne.
La protection de la nature en débats (premières décennies du xxe siècle)
La création de parcs nationaux accompagne le mouvement de protection des ressources naturelles, aussi appelé mouvement conservationniste. Associé à la figure de Gifford Pinchot (1865-1946), le premier chef du Service forestier (créé en 1905 par Theodore Roosevelt), le conservationnisme promeut l’utilisation de méthodes scientifiques dans la gestion des ressources naturelles. D’abord développé dans le cadre des forêts, cette philosophie se répand dans d’autres domaines. Comme les préservationnistes, les conservationnistes sont conscients de la fragilité des écosystèmes. Cependant, leur objectif n’est pas de préserver la nature pour ses vertus spirituelles, patriotiques ou esthétiques, mais pour en garantir la reproduction pour les générations à venir et sa juste répartition.
Dans les années 1900, les préservationnistes et les conservationnistes entrent en conflit dans le cadre d’un débat concernant l’approvisionnement en eau de San Francisco, qui nécessite le barrage de la vallée de Hetch Hetchy, située dans Yosemite. John Muir lance une campagne préservationniste pour la sauvegarde de la vallée et s’oppose à Gifford Pinchot pour qui la croissance de la ville de San Francisco et son approvisionnement en eau doivent primer. Au Congrès, les deux camps font valoir leurs arguments. Ce sont finalement les conservationnistes qui l’emportent en 1913. Si la controverse de Hetch Hetchy est un échec pour le camp de Muir (la vallée est inondée et un immense barrage de béton y est inauguré en 1923), l’existence même de ce débat montre que les Américains se divisent sur la conception de l’environnement.
On aurait tort de croire que la protection de la nature ne se passe que dans les paysages grandioses de l’Ouest. Dans les villes aussi, les élites blanches progressistes cherchent à réduire les pollutions industrielles et à promouvoir la salubrité des logements. En parallèle, les élites urbaines font construire de grands parcs dans les villes, à l’instar de Central Park à New York, inauguré dans les années 1860, qui doivent servir de poumons verts pour les habitants, mais aussi de lieux d’acculturation à la morale bourgeoise pour les ouvriers (les parcs sont par exemple l’endroit où l’on fait sa promenade du dimanche en beaux habits). Toutefois, l’environnementalisme urbain n’est pas seulement le fait des élites. Les habitants pauvres des grandes villes se battent pour améliorer la gestion des égouts et des déchets. À Chicago, les ouvriers, noirs comme blancs, cherchent régulièrement à échapper à la pollution et organisent des pique-niques en forêts, ainsi que des camps de nature pour leurs enfants. L’Association nationale des femmes de couleur, créée en 1896, milite pour que les quartiers noirs bénéficient eux aussi d’arbres et de parcs et soient nettoyés régulièrement. Par bien des aspects, ces luttes préfigurent les combats pour la justice environnementale de la fin du xxe siècle.
Le New Deal et la protection de la nature
Dans les années 1930, les tempêtes de poussière (Dust Bowl), liées à la dégradation des sols par l’agriculture mécanisée et à la sécheresse chronique, frappent de plein fouet les grandes plaines (Oklahoma, Kansas, Texas et Nouveau Mexique) et anéantissent les récoltes. Nombre d’agriculteurs doivent migrer vers l’Ouest, comme John Steinbeck le décrira dans Les Raisins de la colère (1939). Pour les New Dealers à la tête du pays, le désastre est d’origine humaine en lien avec l’agriculture intensive pratiquée sur des sols peu adaptés. Si l’analyse montre que l’écologie, c’est-à-dire la science qui étudie le fonctionnement des écosystèmes, gagne du terrain, la solution proposée par les hommes du New Deal est forcément technologique. Sous la présidence de Franklin Roosevelt (1933-1945), c’est une vision technocratique et scientifique de la gestion de l’environnement qui prévaut. Les réalisations du New Deal (immenses barrages, nouvelles routes) veulent afficher la capacité de l’État à contrôler l’environnement.
Comme son cousin Theodore, Franklin Delano Roosevelt (1882 - 1945) est acquis à la cause de la conservation. Dans cet esprit, il crée des agences fédérales (US Fish and Wildlife, Farm Security Administration, Civilian Conservation Corps) ainsi que de nouvelles réserves naturelles. Si les mesures du New Deal renforcent l’idée que la puissance publique doit protéger les ressources naturelles, elles perpétuent aussi une attitude d’indifférence vis à vis des Amérindiens et de leur rapport à leur environnement. L’historienne Marsha Weisiger décrit, par exemple, comment les New Dealers tentent d’implanter un plan de réduction des têtes de bétail sur la réserve Navajo afin de limiter l’érosion des sols causée par le surpâturage. Le programme, élaboré sans prendre en compte le fonctionnement de la société Navajo et l’importance du bétail dans le mode de vie des familles, échoue et, parce qu’il génère l’hostilité de la tribu à toute intervention fédérale, aggrave à terme les problèmes d’érosion dans la région.
Le mouvement écologiste de l’après-Seconde Guerre mondiale
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’accélération rapide de l’industrialisation et de la suburbanisation amplifie les dégâts environnementaux tandis que l’avènement du nucléaire et les avancées de la chimie introduisent de nouveaux dangers sur la santé. Cette période, que les historiens nomment aujourd’hui celle de « la Grande Accélération », voit l’augmentation rapide de l’utilisation des énergies fossiles. Le pétrole fournit à la classe moyenne américaine tout ce dont elle a besoin : il sert de carburant aux bulldozers qui préparent la construction des quartiers pavillonnaires et aux voitures individuelles ; transformé en plastique, il fournit tous les objets du quotidien.
Ce confort matériel encourage, paradoxalement, une sensibilité accentuée à la nature. L’été, la visite des parcs nationaux américains devient un rituel pour les familles. Cet attrait pour la nature donne un nouvel essor au mouvement de protection de la wilderness dans les années 1950, lorsqu’une coalition de plus de 300 organisations (menée par le Sierra Club et la Wilderness Society) milite pour la préservation du Dinosaur National Monument (situé à la frontière du Colorado et de l’Utah) qui doit être inondé pour installer un barrage. L’affaire fait grand bruit et le barrage n’est finalement pas construit. Dans les nouvelles banlieues, les résidents assistent avec regret à la destruction progressive des bois et des zones humides qui les entourent. En 1957, des habitants de Long Island attaquent en justice le gouvernement fédéral pour obtenir l’arrêt des épandages de DDT, un pesticide puissant dont on connaît déjà les effets néfastes sur le vivant. Mais les préoccupations environnementales ne sont pas l’apanage des classes moyennes suburbaines. Les habitants ruraux de l’Ohio et de la Pennsylvanie se battent aussi dans les années 1940 et 1950 pour obtenir une réglementation de l’exploitation minière qui engendre déforestation et glissements de terrain.
Dans les années 1960, un certain nombre d’ouvrages destinés au grand public tirent la sonnette d’alarme quant aux conséquences environnementales du développement économique. Certains se focalisent sur le problème de la surpopulation (La Bombe P de Paul et Anne Ehrlich), d’autres sur le danger des retombées nucléaires, (Quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? de Barry Commoner), d’autres encore sur une crise environnementale généralisée (The Quiet Crisis [La crise silencieuse] de Stuart Udall). Mais c’est sans conteste le Printemps silencieux de Rachel Carson, publié en 1962, qui fait le plus grand bruit. Carson, une autrice respectée qui a écrit plusieurs livres à succès sur le monde marin, s’attaque dans cet ouvrage à l’industrie chimique et à l’utilisation excessive des pesticides comme le DDT qui anéantissent des espèces entières et menacent la santé humaine. L’ouvrage, entre vulgarisation scientifique et réflexion poétique sur les dangers associés au progrès scientifique, devient un best-seller et alerte les Américains sur la dangerosité d’un produit de la vie courante. L’opinion publique américaine est de plus en plus sensible à l’idée selon laquelle le gouvernement doit assurer un cadre de vie sain à la population en régulant les pollutions.
À la fin des années 1960, deux catastrophes finissent de convaincre les Américains que la crise environnementale est une réalité. En janvier 1969, une explosion sur une plateforme pétrolière au large de la ville de Santa Barbara, en Californie, provoque une gigantesque marée noire. C’est le premier désastre environnemental télévisé à grande échelle et les images diffusées choquent le public. Quelques mois plus tard, un incendie sur la rivière Cuyahoga à Cleveland, causé par des flaques de pétrole et l’amoncèlement de débris industriels dans l’eau, fait la une du magazine Time.
C’est en revenant des plages mazoutées de Santa Barbara que le Sénateur du Wisconsin, Gaylord Nelson (1916 - 2005), a l’idée d’organiser un teach-in (c’est-à-dire un rassemblement où ont lieu des prises de parole et des débats sur des questions de société) sur les questions environnementales à l’échelle nationale. L’événement, baptisé Earth Day (le Jour de la Terre), mais qui se déroule en réalité tout au long du mois d’avril 1970, est un succès. Au total, plus de vingt millions d’Américains participent à des conférences, manifestations et protestations. La protection de la nature est devenue un sujet de mobilisation massive qui transcende les divisions politiques. Il ne s’agit pas seulement d’une préoccupation pour les jeunes hippies qui font leur « retour à la terre » à cette époque : les femmes au foyer, les habitants des ghettos et les élus locaux se sentent aussi concernés. Le président Richard Nixon n’a d’autre choix que de répondre avec force. En décembre 1970, il crée l’Environmental Protection Agency (EPA) et le Congrès passe dans les années qui suivent un ensemble de lois (dont l’interdiction fédérale du DDT et les Clean Air Act et Clean Water Act qui imposent des critères nationaux de qualité de l’air et de l’eau) qui forme, encore aujourd’hui, l’appareil fédéral de régulation environnementale.
Vers la justice environnementale ? (années 1980 à nos jours)
Lors du premier Earth Day, les participants réclamaient que tous les Américains puissent vivre dans un environnement sain. Or, dans les années 1970 et 1980, deux événements révèlent l’exposition persistante des populations pauvres et non-blanches à des produits toxiques. À Love Canal, dans l’État de New York, les habitants d’un quartier pavillonnaire ouvrier construit sur une ancienne décharge de déchets toxiques se mobilisent pour obtenir des dédommagements. Le site est finalement évacué et le gouvernement crée en 1980 le programme Superfund afin de nettoyer les pires décharges toxiques du pays. Dans les années 1980, les habitants d’Afton dans le comté de Warren en Caroline du Nord, très majoritairement noir, entreprennent des actions de désobéissance civile inspirées du Mouvement pour les droits civiques pour protester contre l’installation d’une décharge de polychlorobiphényles (ou PCB, des substances chimiques synthétiques extrêmement nocives pour l’environnement et qui peuvent causer toutes sortes de maladies, y compris des cancers, et des problèmes de croissance chez les enfants). On parle pour la première fois de racisme environnemental. Un rapport clé publié en 1987 affirme que trois Américains noirs ou hispaniques sur cinq vivent à proximité d’un dépôt de déchets toxiques. En 1991, les délégués du premier Sommet des peuples de couleur pour l’environnement se réunissent à Washington D.C. et adoptent les « Principes de la justice environnementale », un document qui continue d’inspirer les mobilisations populaires pour la justice climatique.
Aujourd’hui, le mouvement pour la protection de la nature aux Etats-Unis est extrêmement divers, même s’il est dominé par les grandes organisations installées à Washington (telles que World Wildlife Fund, The Nature Conservancy et Greenpeace) et dont la meilleure arme est le lobbying auprès des élus. L’hostilité du parti républicain à toute forme de régulation environnementale, une tendance qui a commencé sous les mandats de Ronald Reagan, continue de poser un problème de taille. De plus, à la fin des années 1980, des think tanks conservateurs et libertariens financés par les géants des énergies fossiles ont lancé les premières campagnes de désinformation sur le réchauffement climatique, engendrant l’essor du climato-scepticisme. C’est à l’arrachée que le président Joe Biden a réussi à faire voter son Inflation Reduction Act (2022), une loi en forme de compromis qui contient un ensemble de mesures pour accélérer la décarbonisation de l’économie américaine, mais aussi des garanties aux industriels des énergies fossiles. Les environnementalistes américains doivent composer dans ce contexte complexe où l’État fédéral régulateur possède une marge de manœuvre limitée et se doit d’être le garant d’une économie capitaliste où la croissance, dans un monde naturel pourtant fini, reste le mot d’ordre.